Le Département s’associe avec émotion à la Journée nationale en hommage aux mineurs et à la mine, célébrée chaque 10 mars. Cette date a été choisie en mémoire de la plus grande catastrophe minière d’Europe, qui a coûté la vie à 1 099 mineurs le 10 mars 1906 à Courrières.
Bien que cette tragédie se soit déroulée sur les territoires voisins de Méricourt, Billy-Montigny et Sallaumines, elle porte le nom de “catastrophe de Courrières” en raison de l’histoire de la compagnie minière. Le premier puits, le puits n°1, avait été creusé à Courrières, et la société a conservé ce nom pour les autres sites d’extraction développés dans les communes voisines.
Ce drame a profondément marqué l’histoire minière et continue de résonner dans la mémoire collective. Pour mieux comprendre son ampleur et ses répercussions, les Archives du Pas-de-Calais proposent dans leur série "Raconte-moi une archive(s)" un podcast en trois épisodes.
Dans la série de podcasts "Raconte-moi une archive(s)"
La catastrophe de Courrières
Dans ces trois épisodes, les Archives du Pas-de-Calais nous replongent dans cette tragédie, sur ses causes mais aussi les conséquences qu'elle engendra au niveau national. À travers cet hommage, souvenons-nous de ces hommes disparus et de l’héritage qu’ils ont laissé à la mémoire du bassin minier.
Courrières 1906, du drame à la colère
Épisode 1 à écouter ici : le Drame
Le 10 mars 1906, 1 099 mineurs de la compagnie des mines de Courrières meurent dans une inflammation de poussières de charbon qui ravage les fosses 2 (dite Auguste-Lavaurs à Billy-Montigny), 3 (dite Lavaleresse à Méricourt) et 4 (dite Sainte-Barbe à Sallaumines). La catastrophe tire donc son nom de celui de la compagnie et non de celui de la commune qui n'eut aucune perte à déplorer.
Épisode 2 à écouter ici : les Rescapés
Après la catastrophe, les obsèques des premières victimes se déroulent en parallèle des opérations de sauvetage pour retrouver d'éventuels survivants coincés dans la mine. Mais la colère gronde dans les rangs des mineurs qui ont rapidement compris que cette catastrophe n’était pas uniquement due à la fatalité.
Les prospections sont difficiles du fait des éboulements, des inondations et des incendies. La suspension des recherches est ressentie comme un abandon par les mineurs en colère. Dès lors, les incidents se multiplient et les tensions se cristallisent. Les ingénieurs sont pris à partie et accusés de vouloir sauver la mine plutôt que les hommes.
Coup de théâtre : le 30 mars, à la stupéfaction générale, 13 mineurs remontent de la fosse, après être restés 20 jours dans le noir. L’émotion est grande dans toute la France car l’odyssée des rescapés de Courrières est relatée en feuilleton dans la presse nationale. Enfin, le 4 avril, Auguste Berthon remonte sain et sauf, près d’un mois après l’explosion !
Épisode 3 à écouter ici : Grèves et luttes sociales
Au lendemain des obsèques des victimes, le mécontentement et la rancœur contre la compagnie de Courrières gagnent la population. Le mouvement prend rapidement une ampleur considérable : la grève s’étend dans les bassins du Nord et d'Anzin et près de 60 000 grévistes sont dénombrés au plus fort du mouvement, dénonçant la dégradation de la condition des mineurs.
Ces grèves sont aussi l'expression des luttes intersyndicales qui donnent le caractère si particulier à ce mouvement de 1906. Face au vieux syndicat d’Emile Basly, se dresse le "jeune syndicat" dirigé par Benoît Broutchoux. Fortement implanté dans la compagnie de Courrières, ce syndicat est partisan d'une grève plus violente, pour faire aboutir ses revendications, les 4 x 8 : 8 heures de travail, 8 heures de repos, 8 heures de loisirs et 8 francs par jour.
Face à ce soulèvement, Georges Clemenceau ordonne le déploiement des forces de l'ordre. Après de violentes altercations et de nombreuses arrestations, la répression et le dénuement dans les foyers des grévistes conduisent finalement à la reprise du travail, laissant un goût amer à de nombreux travailleurs.