Il y a quelques semaines, nous vous parlions du Concours de pâtisserie de l’Aide sociale à l'enfance (ASE) initié par l’EPDEF et organisé par le Département du Pas-de-Calais. Après un mois de préparation et d’entraînement dans leurs établissements respectifs, les douze jeunes, répartis en six équipes de deux et coachés par six grands noms de la pâtisserie française se sont retrouvés dans les cuisines de la Chambre des métiers et de l’artisanat d’Arras pour prendre part à la compétition culinaire.

Dès le départ, la motivation prend le dessus sur le stress.

Il est 14h ce mercredi 20 novembre 2024, quand Louise Petitrenaud, journaliste gastronomique, remet à chaque concurrent le tablier et la toque floqués au nom de leur coach : Camille Pailleau, Pierre Chirac, Romain Montagne, Alexis Beaufils, Quentin Bailly, Julia Wilner. Le regard des enfants reflète déjà leur motivation. Un peu de stress aussi. Devant chaque plan de travail, les chefs pâtissiers qui les accompagnent les rassurent, prodiguent leurs derniers conseils. Au top départ, l’angoisse disparaît. Ils ont à peine deux heures pour réaliser la recette élaborée par leur coach prestigieux et livrer la pâtisserie à chaque membre du jury.

L’esprit d’équipe

Chacun savait ce qu’il avait à faire, mais c’est bien l’esprit d’équipe qui régnait devant chaque plan de travail.

Les gestes mainte fois répétés lors des entraînements sont précis. Chacun sait ce qu’il a à faire, mais comme dans toute épreuve il y a toujours des imprévus. Un coulis de mandarine qui se renverse dans le frigo et les larmes coulent. Sa coéquipière est là pour la rassurer : « T’inquiète, ça va aller. On va y arriver. »

Sur les autres ateliers aussi la tension monte d’un cran notamment quand le regard se pose sur le chronomètre. Mais quand l’un semble flancher l’autre est là pour le relever. L’esprit d’équipe et la faculté à rebondir des jeunes concurrents impressionnent les observateurs.

Un travail de précision

Tenir, ne rien lâcher et s’appliquer jusqu’au bout.

Les fonds de tartelettes sortent des fours, les crèmes sont bien prises, les tuiles de chocolat sont parfaitement réalisées, les fruits finement coupés… Vient l’instant de la mise en forme et du dressage. Jessy, 7 ans, le plus jeune candidat, doit monter sur un tabouret pour placer les myrtilles sur le petit gâteau. Avec d’infinies précautions, son coéquipier, Kameron, 10 ans, apporte la touche finale.

Un choix difficile

Le jury non plus n’a pas eu la tâche facile.

La tension est retombée. À tour de rôle, chaque binôme apporte sa création aux juges parmi lesquels Évelyne Nachel, vice-présidente en charge de l’en­fance, de la famille et de la promo­tion maternelle et infantile, et François Lemaire, vice-président en charge de la jeu­nesse, de la vie associative, de l’édu­cation populaire, du tourisme et attractivité territoriale.

Chaque pâtisserie est une merveille, tant pour les yeux que pour les papilles. Pour le jury présidé par le chef étoilé Camille Delcroix (Le Bacove à Saint-Omer) et le chef pâtissier Maxence Barbot (palace le Shangri-La à Paris), ça ne se joue que sur d’infimes détails tant la prestation des jeunes pâtissiers et leurs réalisations impressionnent.

Des rires et des larmes

Explosion de joie pour Noémie et Houda, émotion pour Philippe et Stéphanie.

Quand vient le moment de la proclamation du palmarès, tout le monde a des raisons d’espérer. Le 3e prix revient à Inaya et Siliana coachés par Quentin Bailly pour la MEA de Longuenesse. Le second est remporté par la team Camille Pailleau avec le duo Inès et Louana de la Mecs Asermines de Oignies. Enfin, le prix du premier concours de pâtisserie de l’ASE est attribué à la team Romain Montagne, composée de Noémie et Houda, de la Mecs de Guizelin à Hardinghem.

Pour les deux lauréates, la joie est immense : « Ça a été difficile, mais nous n’avions aucun doute sur le fait que nous allions y arriver. J’avais dit, dès le départ , qu’on allait gagner et on l’a fait. C’est super. C’est la première fois que je gagne un concours », s’exclame Noémie. « Nous nous sommes entraînés dur pour y parvenir. Je n’étais pas stressée, mais c’est vrai que j’ai craqué un peu. J’ai su relâcher la pression et c’était reparti. Quand on a entendu notre nom pour la première place, le cœur s’est mis à battre. Ça a été de la joie pure. »

L’émotion aussi pour les deux tuteurs en larmes, Philippe et Stéphanie, qui les ont préparées durant toutes ces semaines : « Ça a été un énorme boulot. Les filles nous ont épatés. Malgré leur fatigue, leur boulot, leur vie à côté, elles ont toujours été présentes, réactives, appliquées. Que du bonheur. »

Un champion du monde épaté

Tous les candidats ont impressionné le champion du monde des arts sucrés, Maxime Beaufils.

À noter qu’un prix spécial Jeunes espoirs a été attribué à Jessy et Kameron, la team Alexis Beaufils pour la MEA Walligators de Liévin. Pour Alexis Beaufils, champion du monde des arts sucrés : « Nous avons vécu plein de belles choses. Les gamins qui ont l’âge de mon fils ont tenu le coup jusqu’au bout. Tous ces jeunes m’ont impressionné. Je ne sais pas de quoi l’avenir est fait, mais si un jour ils ont besoin, je suis prêt à les accueillir. »

« Avec du travail et de l’abnégation, toutes les portes leur sont ouvertes. »

Évelyne Nachel, c’est aussi le devoir du Département que d’aider les enfants à concrétiser leurs rêves.

Pour Évelyne Nachel, vice-présidente en charge de l’en­fance, de la famille et de la promo­tion maternelle et infantile : « Ça a été une très belle opération. Ce sont des enfants, des ados qui ont une vie professionnelle et sociale à construire. Les enfants de l’ASE sont souvent confrontés à des obstacles, à des refus dus à cette étiquette qui les empêchent de vivre leurs rêves. On n’a pas le droit d’enlever ses rêves à un enfant, quel qu’il soit. Au contraire, nous devons lui donner les moyens de les concrétiser. Cette action leur a montré qu’avec du travail et de l’abnégation, toutes les portes leur sont ouvertes. Aujourd’hui, j’ai vu des enfants conscients qu’ils pouvaient eux aussi apporter quelque chose à la société. Ils se sont donné les moyens de le faire et ils y sont parvenus. Certes il y a des déçus, mais aujourd’hui ils ont tous gagné quelque chose. »