Le vendredi 4 avril, pour la dernière journée de la semaine « les clés pour réussir », la future Maison du Canal de Marquion a ouvert ses portes en avant-première pour accueillir des bénéficiaires du RSA venus découvrir les opportunités d’emploi qui se font de plus en plus nombreuses avec le début du chantier du Canal Seine-Nord Europe.

Canalisateurs, maçons VRD (Voirie et réseaux divers), conducteurs d’engins ou coffreurs-bancheurs, le chantier du Canal va mobiliser plus de 6000 personnes, et ce sans compter les emplois induits pour l'hôtellerie, la restauration ou la sécurité. Des emplois qui viendront également s’ajouter à ceux créés pour la construction du port intérieur de Marquion-Cambrai, sa maintenance et son fonctionnement.

Des opportunités, dès aujourd’hui

En plus de découvrir avant tout le monde l’intérieur de l’ancienne trésorerie de Marquion destinée à devenir l'une des 3 Maisons du Canal de l'Artois-Cambrésis, une cinquantaine de jeunes et de bénéficiaires du RSA ont pu tout au long de la matinée découvrir à quoi ressemblera le chantier du canal et les métiers nécessaires à sa construction. Parmi eux, Benjamin Leclercq fait partie de ceux pour qui le Canal s’est transformé en opportunité d'emploi, puisqu’il sera en effet l’un des premiers habitants du secteur à travailler sur les chantiers du Canal :

« J’ai déposé un CV et eu un entretien chez SPIE Batignolles, mais malheureusement le poste a été pourvu au même moment. Donc comme mon profil les intéressait, ils m’ont proposé un poste chez SPIE Fondations, l’une de leur filière, comme coffreur-bancheur. C’est assez fou de me dire que ce Canal, j’en entendais parler quand j’étais au collège et que je vais maintenant être l’un des premiers à participer à sa construction, vu que le 28 avril, je commence sur les travaux du quai d’Aubencheul-au-Bac. »

Le futur se prépare dès maintenant

Afin de ne pas louper le coche, le message des entreprises qui cherchent à se positionner sur les différents lots du chantier et des professionnels de la formation présents le 4 avril était limpide : ce chantier dont les travaux préparatoires sont déjà lancés va s’échelonner sur plusieurs années, mais pour y prendre part il faut s’y préparer au plus vite. Car si de nombreux métiers permettent un recrutement sans diplôme ou qualification particulière par le biais des clauses d’insertion, ils nécessitent cependant une formation pour acquérir l’ensemble des gestes techniques et des bons réflexes pour travailler en toute sécurité avant de pouvoir rejoindre le chantier.

Un message rappelé par Jean-Jacques Cottel, conseiller départemental du territoire qui a contribué à faire connaître le projet au cours de ses précédents mandats et qui continue de rappeler aux habitants et entreprises du secteur que ce chantier est une chance dont il faut savoir tirer profit : « J’étais déjà venu ici, dans cette même maison, il y a 10 ans pour présenter ce qui n’était encore qu’un projet assez lointain pour la plupart des gens. Nous avons bataillé avec plusieurs élus du secteur pour que ce projet se réalise, et c’est maintenant chose faite. Avec 20% de marchés réservés aux entreprises locales, ce chantier est un vrai atout pour le territoire et pour les demandeurs d’emploi du Pas-de-Calais, puisque les besoins en personnel vont être tels qu’il a même fallu créer un centre de formation aux métiers des travaux publics à Riencourt-lès-Bapaume pour faire face aux besoins de recrutement. Et si on pouvait il y a encore quelques années avoir du mal à réaliser l’ampleur de ce chantier ou à se projeter, maintenant ça y est ! Nous sommes dans le concret avec les travaux à Aubencheul et la déviation de l’A2 près d'Ytres qui va permettre de commencer la construction d’un viaduc qui enjambera le canal dès le mois de mai. » 

Plus qu’un chantier, un projet de territoire

Comme le rappelle le travail mené depuis des années par les élus du territoire et les services du Département, à l’image de la mission Canal Seine-Nord Europe et des agents du service insertion et emploi qui travaillent au quotidien pour mobiliser les partenaires de la collectivité, les entreprises et les demandeurs d’emploi, le Canal Seine-Nord Europe n’est pas un chantier comme un autre.

S’il permettra de proposer une alternative plus durable et responsable au transport routier, le canal constitue également un potentiel de transformation du territoire que chacun doit s’approprier comme le souligne Véronique Thiébaut, conseillère départementale et présidente du CAUE 62 (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement) :

« Avec le CAUE, nous avons commencé à travailler avec les 35 communes des deux communautés de communes traversées par le canal dans le Pas-de-Calais, pour qu’un maximum de monde puisse se saisir du chantier du Canal et des opportunités qu’il amène avec lui. Et notre approche se veut globale. Parce qu’il sera évidemment une chance pour l'emploi et pour les acteurs économiques qui pourront bénéficier des nouvelles infrastructures, mais se posent aussi des questions auxquelles on ne pense pas forcément avant que le chantier arrive sur le territoire : où vont loger les travailleurs ? Où vont ils se restaurer et faire leurs courses ?

Donc nous, ce que nous proposons aux communes, c’est un diagnostic 360. On fait un tour de la ville avec le maire et les associations pour voir ce qui va, ou pourra, changer avec l’arrivée du Canal : comment le paysage va évoluer ? Quelle taille choisir pour le groupe scolaire ? Comment la circulation va être affectée par le chantier ? Ou comment un habitant propriétaire d’une grange va pouvoir la transformer en hébergement, pour accueillir des travailleurs dans un premier temps, puis pour des touristes une fois le chantier terminé, tout en bénéficiant des services d’un architecte pour bien penser son projet… Tout ce que va changer le Canal pour les territoires, les communes commencent à s’en rendre compte. À Palluel ou Écourt-Saint-Quentin, se pose par exemple la question du potentiel touristique du marais : comment profiter de l’arrivée du Canal pour développer le tourisme, pour mieux accueillir les gens, mais aussi comment éviter de basculer dans le surtourisme, etc. Tout cela, c’est maintenant que cela se travaille. »