Le collège Henri-Wallon de Divion fait partie des établissements qui ne manquent pas une occasion de sensibiliser leurs élèves à l’égalité filles-garçons. C’est donc naturellement que l’appel à projet lancé par le Département y a fait écho. Le thème : la stigmatisation des métiers dits masculins auprès du public féminin.

Jeudi 20 mars, au collège Henri-Wallon de Divion, l’ambiance est à la fois studieuse et détendue. Sur une grande table, une affiche immaculée se remplit progressivement au fil des discussions et des réflexions. La question est simple : « qu’est-ce qui, pour vous, caractérise les discriminations sexistes, les inégalités entre les femmes et les hommes… ? » Après une sensibilisation qui a réuni filles et garçons, la journée était réservée aux collégiennes. 

Parole aux filles

« Cette activité nous permet de mieux comprendre leur représentation des stéréotypes généraux, puis professionnels pour ensuite travailler sur leur orientation. Par exemple, certaines sont plutôt intéressées par les métiers du BTP, d’autres par les carrières scientifiques. Notre priorité, c’est de leur faire comprendre que leurs rêves sont accessibles… Que tous les métiers leur sont ouverts », explique Emma Salmon, coordinatrice socio-professionnelle au sein de l’association Impact Oval.

Dans la salle, la parole se libère. « Ce n’est pas normal que les femmes soient moins bien payées que les hommes quand elles font le même travail. »« Pourquoi est-ce qu’une femme ne pourrait pas travailler dans le bâtiment ? »« On ne peut pas nous imposer de mettre une jupe. »… Sur des petits bouts de papier, elles consignent leurs réflexions puis viennent les coller sur ce qui ressemble de plus en plus à une fresque.

« Se respecter, ça doit être tout simplement normal ». Rachel, élève de 4e.

Élève de 4e particulièrement revendicative, Rachel apprécie : « Même si on sait déjà beaucoup de choses sur les inégalités, on en apprend encore. Ce qui est intéressant, c’est que l’on a la possibilité de s’exprimer sans tabou. Mais même si c’est bien de parler d’égalité entre les filles et les garçons, je pense que ça ne devrait plus être un sujet. Pour moi, se respecter, ça doit être tout simplement normal. »

Faire tomber les barrières

La séance se termine. La fresque est désormais bien garnie et sera accrochée sur un mur du collège. Il lui manque un titre quand soudain, comme un cri du cœur, une phrase fuse : « Pas d’ovaires, pas d’avis ». Autrement dit : « Messieurs, laissez-nous choisir. » Le slogan est adopté à l’unanimité.

La suite se traduira par des rencontres avec des professionnelles et des entrepreneuses, des visites d’entreprises et de centres de formation… « L’idée est aussi de casser les codes entre les jeunes filles et les cheffes d’entreprises pour leur permettre, par exemple, de trouver un stage, une formation, orientation dans le domaine qu’elles souhaitent », souligne Emma Salmon. 

L’association Impact Oval mène le même travail dans les collèges George-Sand à Béthune, Anatole-France à Nœux-les-mines et auprès des élèves de seconde du lycée Carnot de Bruay-la-Buissière. Toutes les collégiennes et les intervenantes concernées participeront à un temps fort fin mai, histoire de faire tomber les dernières barrières.

On peut constater que les filles sont de plus en plus revendicatives, de plus en plus tôt. C’est une bonne chose.

Pour Laurence Louchaert, vice-présidente du Conseil départemental en charge de l’égalité filles-garçons :« Cette opération autour de l’égalité filles-garçons coche beaucoup de cases : la citoyenneté, l'insertion… et il est bon de noter qu'une centaine de collèges ont répondu à notre appel à projet. C’est énorme. Si le Département est là pour impulser, les équipes éducatives sont réceptives est dynamiques. Je pense que les actions sur le sujet de l’égalité filles-garçons vont se poursuivre au-delà de notre accompagnement. »

Photos Frédéric Berteloot / CD62